Au détour d'une ruelle, il n'est pas rare de passer devant l’atelier d'un potier ou la vitrine d'un céramiste. À l’intérieur, baignés par la lumière, des objets du quotidien ou des pièces uniques sont exposés sur des étagères. Et si vous prenez le temps de ralentir, vous verrez, au fond de l’échoppe, une femme ou un homme tournant une pièce. Cet artisanat est ancré sur le territoire depuis fort, fort longtemps. On vous raconte tout !
Montans, centre de la céramique influent à l’époque gallo-romaine
Un savoir-faire ancestral
La situation géographique de Montans est propice au développement de la poterie. En plus de sa situation protégée par les cours d’eau, les sols alluvionnaires et les terres argileuses du site permettent une extraction facile de la matière première.
La période gauloise est pauvre en sources historiques, mais les archéologues ont retrouvé trace à Montans d’une certaine maîtrise de la poterie, et même de l’orfèvrerie datant au moins du 7e siècle avant J.-C.
L’arrivée des Romains au 3e siècle avant J.-C.
Avec l’arrivée des Romains, c’est toute la ville qui se transforme : généralisation de la langue latine, tenue de style romain, nouvelles croyances, amélioration des voies de communication terrestre et maritime, etc.
Si l’essor de la poterie est possible, c’est que les Gaulois détiennent déjà une bonne maîtrise de l’artisanat. C’est donc sur cette main d’œuvre qualifiée que s’appuient les nouveaux arrivants pour développer, à grande échelle, un style de céramique caractéristique du règne d’Auguste, la céramique sigillée. Ces poteries sont recouvertes d’un verni rouge et ornées de décor en relief. Pour répondre à la demande, 400 fours sont construits et la ville peut sortir jusqu’à 9 000 pièces par jour !
Les poteries sont vendues dans tout le Sud-ouest de la Gaule, mais également en Espagne, en Armorique, et même en Grande-Bretagne.
L’âge d’or s’arrête au début du 3e siècle après J.-C. Raréfaction de la matière première ou lassitude du marché ? On ne connaît pas bien les raisons du déclin, mais une chose est sûre, les centres de production se sont déplacés.
Aujourd’hui, l’archéosite de Montans, permet de se plonger dans cette période foisonnante avec la reconstitution d’un village gallo-romain ainsi qu’un espace muséographique regroupant les pièces les plus étonnantes retrouvées sur site. Il est ouvert au public du printemps à l’automne.
Giroussens et la poterie, une longue histoire
Essor de la poterie du 13e au 17e siècle
Cette petite ville fortifiée surplombant l’Agout doit l’essor de sa céramique à la décision d’un certain Amalric de Lautrec. Au 13e siècle, ce Vicomte octroie aux habitants le privilège, parmi d’autres, de prélever tout le bois nécessaire aux besoins quotidiens, notamment ceux de nourrir les fours de cuisson. Et c’est ainsi que la poterie commence à voir le jour à Giroussens.
Pour autant, il faut attendre le 17e siècle pour que la bastide rayonne par son savoir-faire : les terres vernissées. Explications.
Les pièces crues sont peintes à la main avant d’être recouvertes de plomb. À la cuisson, le plomb se transforme en verni, préservant ainsi les couleurs vives des peintures. Au début de la période, le village compte un peu plus de 70 céramistes, regroupés en une confrérie. Leur nombre augmente jusqu’à 1735, apogée de ce savoir-faire.
Les changements de mode et l’arrivée de la faïence signent le début du déclin de la céramique à Giroussens. Et c’est la Révolution Française avec l’abolition des privilèges qui a raison des potiers. Les fours sont détruits et la production s’arrête.
Des cendres renaît la céramique
C'est dans les années 90 que renaît la céramique à Giroussens, sous l'impulsion de trois acteurs majeurs : l’association Terre & Terres, l’association Arts et Poteries de Giroussens et la municipalité. De leur volonté commune naît le Centre de la Céramique Contemporaine ayant pour objectif :
- la promotion de la céramique contemporaine au niveau national et international
- le soutien des petits et des grands ateliers
- la transmission du savoir-faire
Vingt ans après sa création, le Centre s'unit aux autres centres de céramique français (Guebwiller, La Borne, Saint-Quentin-la-Poterie, Dieulefit) pour constituer le Réseau de Centres de Céramique (RCC) en 2018. Depuis, les artistes et artisans de toute la France échangent sur leurs pratiques et leurs connaissances, organisent des événements et construisent ensemble des projets artistiques.
C'est donc sans surprise que la ville acquière en 2022 le label "Ville et Métiers d'Art" rejoignant ainsi 69 autres communes qui assurent transmission et enrichissement de savoirs manufacturiers et artistiques.
Cette effervescence a amené d'autres céramistes et potiers à s'installer partout sur le territoire : Cordes sur Ciel, Penne ou même Saint-Beauzile ! Vous trouverez, un peu partout ces femmes et ces hommes qui modèlent la terre et jouent avec le feu. N'hésitez pas à aller à leur rencontre lors du Marché de Céramique Contemporaine organisé depuis plus de 30 ans à Giroussens au début du mois de juin ou directement à leur atelier.
La liste de tous les céramistes et potiers de la région
Les ateliers de céramique en Toscane Occitane