Par la parole, il tente de donner vie à ce qui ne se voit pas, à travers le mot et le geste. Ces récits lui permettent aussi de révéler des impensés de nos sociétés contemporaines, des artistes invisibilisées et de nouveaux possibles. En effet, des pans de notre histoire, de l’histoire de l’art, de notre culture et de nos quotidiens semblent se trouver aux angles morts de notre champ de vision et constituent autant de zones à explorer.
C’est l’une de ces zones que Romain Gandolphe a justement tenté d’explorer lors de sa résidence au Château-musée du Cayla, et ses recherches s’incarnent aujourd’hui dans cette exposition, intitulée Dans le corps du texte. Partant du constat que la grande majorité des références citées dans ses performances et ses écrits étaient des figures masculines, il a cherché à renverser cette dynamique inconsciente. Il s’est donc intéressé à certains auteurs et autrices qui l’accompagnent depuis de nombreuses années, mais qu’il n’avait jamais convoqués dans ses productions. Romain Gandolphe s’est ainsi emparé de textes qui l’inspirent et l’habitent, écrits notamment par Virginia Woolf, Paul B. Preciado ou Virginie Despentes.
Durant sa résidence au Château-musée du Cayla – demeure de Maurice et Eugénie De Guérin – à la fin de l’année 2022, il a installé son atelier dans l'espace d'exposition, lui même organisé comme un espace de paroles, où les écrits se répondent. Son projet fait sortir le texte de la page, pour atteindre le lecteur/visiteur à l'échelle d'une exposition, déployant une nouvelle forme d'édition grandeur nature. On y entre comme dans les pages d’un livre. Les œuvres, produites spécifiquement pour l’exposition, dialoguent entre elles et permettent de tisser des liens entre les univers de ces différents auteurs et autrices, mais également entre les visiteurs.